Masques et statues Léga de la République Démocratique du Congo
(Voir les masques et statues Léga actuellement en vente)
Le peuple Léga
L’ethnie Léga est originaire d’Ouganda, pays qu’elle a quitté au cours d’un exode au XVIIe siècle. Elle est aujourd’hui implantée dans une zone forestière à l’est de l’actuelle République Démocratique du Congo, proche de la rivière Lualaba.
(Source carte : L'Art tribal d'Afrique noire de J-B Bacquart, éditions Thames & Hudson)
Appelé aussi Warenga, ce peuple guerrier a vu sa culture rayonner sur la région durant plusieurs siècles. D’abord cultivateurs de manioc et de riz, les Léga se sont rapidement mis à exploiter les mines d’or et de fer environnantes.
Malheureusement, la tribu subit les violents conflits qui ravagent l’est du Congo depuis plus de vingt ans. L’instabilité de la région et les immenses richesses de son sol ont eu raison de l’artisanat Léga. Ce savoir-faire a dorénavant presque entièrement disparu. L’art Léga est donc un témoignage de la grandeur de cette ethnie et de son aspiration à vivre dans l’harmonie.
Comprendre l’art Léga
L’art Léga est intimement lié au spirituel. Une institution sociopolitique appelée le Bwami structure la société Léga. C’est une communauté d’apprentissage ouverte autant aux hommes qu’à leurs épouses. La seule différence est qu’il y a sept grades pour les hommes alors que les femmes ne peuvent en atteindre que quatre. Contrairement à d’autres organisations secrètes d’Afrique noire, le Bwami n’a pas de portée religieuse.
La pratique de l’art Léga est confidentielle et accompagne chaque individu du Bwami dans sa réalisation spirituelle. Le découpage de cette société en grades hiérarchisés trace un parcours initiatique clair où l’objectif est de mener une vie vertueuse dans la paix et la cohésion avec ses semblables. Il n’y a pas de pouvoir central, pas de roi ni de police. Tout repose sur la communion au sein du Bwami.
Chaque évolution vers un grade supérieur du Bwami fait appel à une cérémonie d’initiation. Les objets d’art sont utilisés au cours de ces rituels. Les matériaux utilisés par les artistes Léga varient selon le destinataire de l’objet. Pour les grades les plus élevés, ils optent pour de l’ivoire,
(Photo Musée du quai Branly-Jacques Chirac)
de la peau d’animal et de l’ébène. Les individus des castes inférieures ont des objets plutôt faits de bois ou d’os.
Les statues Léga
Les statues Léga remplissent un rôle didactique. Elles servent de support aux histoires des ancêtres et aux proverbes afin que les initiés les mémorisent plus facilement. Ces derniers doivent décrypter la métaphore représentée par l’objet. Par exemple,
la figure de l’homme effrayé par un éléphant qui avertit ses congénères ou encore un jeune homme qui a fait l’erreur d’inviter des étrangers chez lui sont des thèmes récurrents.
Les statues zoomorphes, quant à elles, symbolisent les différentes castes de la société Léga. Parmi elles, on retrouve des grenouilles, des serpents, des hiboux et également des pangolins. Elles sont parfois agrémentées d’un élément venant directement de l’animal tel que ses poils ou sa peau.
Enfin, quelques statues aux propriétés ésotériques sont remplies de substances magiques. Ces objets ne sont pas exposés en public. L’homme le plus haut gradé de la tribu, le kindi, les conserve précieusement dans des sacs en tissus ou des paniers tressés. La brillance de ces statues peut surprendre, car elles semblent comme neuves. C’est pourtant les libations d’huile à répétition qui donnent cette patine particulière aux statues Léga. Elles sont recouvertes d’œuf et de sang lors des rituels de fécondité.
Les masques Léga
Les masques Léga sont facilement reconnaissables à leur visage en forme de cœur et leurs yeux creusés ressemblant à des grains de café. L’art Léga est souvent perçu comme étant primaire alors qu’il fait partie intégrante d’un vocabulaire visuel complexe. Il se concentre sur des lignes simples, non pour poursuivre le réalisme, mais pour exprimer des concepts forts. Aucun masque n’est identique et chaque détail a son utilité.
« En Afrique, il faut comprendre le portrait comme une évocation du personnage représenté et accepter que ce portrait n’est pas fondé sur l’imitation, mais, plutôt, sur la transfiguration. » In Comprendre l’Art Africain, J-Cl Gouigoux
1. le masque-heaume
Les cérémonies Léga ont recours à deux types de masques. Le premier est le heaume, un masque traditionnel qui recouvre le visage de l’initié. Il représente le grade qu’il s’apprête à rejoindre. Souvent, une longue barbe de raphia l’accompagne et il est parfois surmonté de figures anthropomorphes. Ces masques sont sculptés dans un bois plus ou moins noble selon la caste qu’il symbolise. Seul le kindi, possède un masque en ivoire.
La partie centrale du visage est presque toujours enduite d’une croûte de kaolin, une argile qui pigmente le masque en blanc. Certains masques portent des scarifications sous forme de lignes, de croix ou de points. Leur signification exacte reste floue, mais il semblerait qu’elles marquent l’appartenance à un grade.
2. le masque lukwakongo
(Source Brooklyn Museum)
Le second type de masque est appelé le lukwakongo. Ce n’est pas un objet qui a pour but d’être porté sur le visage. C’est une version miniature des masques-heaumes utilisés durant la cérémonie d’initiation. Le lukwakongo est enfilé au bras et fait office d’emblème d’un grade.
Ce type de masque Léga est aussi accroché sur une palissade nommée pala lors de l’initiation. Il est plus courant de trouver des masques lukwakongo que des masques-heaumes chez les Léga. L’ethnie est d’ailleurs considérée comme précurseur des masques insignes non portés.
Les coiffes Léga
(Photo Cleveland Museum of art)
Enfin, les derniers objets remarquables de l’artisanat Léga sont les coiffes. Uniquement portées par les initiés les plus gradés, elles sont de forme conique et ornées de boutons, de fèves de cacao, de perles, de cauris et même de coquilles de moule. Seule la coiffe du kindi est recouverte d’écailles de pangolin.
Le haut de la coiffe est agrémenté d’éléments d’origine animale. Ils représentent le grade ou bien émule les attributs de l’animal. Par exemple, la peau ou le crin d’éléphant symbolise le pouvoir destructeur de la bête. On retrouve aussi des dents de buffle, de la corne, des griffes ou encore des plumes d’aigle.
Comme un grand nombre d’articles de l’art Léga, les coiffes sont des objets sacrés appelés isengo et non des objets d’apparat. Seulement les initiés sont autorisés à porter ces coiffes qu’ils se transmettent de génération en génération.